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Soulouque

Un Couple Lié au Pouvoir : Tant d’Amour, mais Aussi Tant de Haine

REGARD DE LA FENÊTRE / SOCIÉTÉ

  • Un Couple Lié au Pouvoir : Tant d’Amour, mais Aussi Tant de Haine par Michelle Mevs

« Je ne veux pas être une autre Ginoue Mondésir » (Nice Simon, octobre 2018).

« Dire notre vérité est l’outil le plus puissant que nous ayons. Je suis particulièrement fière et inspirée par toutes les femmes qui se sont senties suffisamment fortes pour élever la voix et partager leurs histoires personnelles » (Oprah Winfrey, Golden Globe, août 2018).

HÔTEL KINGDOM, CROIX DES BOUQUETS ― C’était la nuit du 1er au 2 octobre 2018 : « Il a tenté de m’étrangler, Il m’a giflée et m’a donné des coups de poing à la tête »… Elle prit peur sentant qu’il allait la tuer. Elle dit encore, poursuivant son récit : « J’étais au sol et il me donnait des coups de pieds et des coups de poing… Je me sentais rabaissée ».

J’ai pu examiner ces clichés douloureux sur le web, car elle s’était fait photographier à la suite de cette agression. Son œil droit au beurre noir et à sa joue gauche des ecchymoses bleues. À son épaule gauche, des traces de blessures provoquées par des morsures ; et de multiples contusions dans le dos.

Aujourd ́hui, en conférence de presse, elle se fait aider par une « dame » qui descend sa fermeture, éclaire; et sur tous les écrans de TV et Youtube, la voilà exposant son dos tuméfié par des coups de pieds reçus alors qu’elle était sans défense allongée au sol. Vous l’aurez deviné, c’est Nice Simon, femme battue devant les caméras ― et ce n ́est pas du cinéma. C’est un cas de violence domestique.

Nice Simon, actrice adulée, devenue mairesse de Tabarre, expose sa plainte à la presse haïtienne, le 3 octobre 2018 : la raclée qu’elle a subie de son concubin fait le buzz sur les réseaux sociaux et suscite un grand émoi au sein de toute la société haïtienne.

Les réactions et commentaires ― pour ou contre ― vont bon train, selon le niveau d’acceptation ou de rejet d’un certain machisme ambiant. Mais voilà qu’ aujourd’hui la solidarité affichée à l’égard de la femme agressée dépasse, en Haïti, tout ce qu’on pouvait imaginer. L’inacceptation d ́un tel comportement fait la une dans la société.

Le souvenir de la mort violente de l’actrice haïtienne Ginoue Mondésir est revenu à l’esprit collectif suite à la violence conjugale dont est victime Nice Simon. « Je ne veux pas être une autre Ginoue Mondésir », a justement déclaré cette ancienne actrice et maire de Tabarre lors de sa conférence de presse, après avoir été violemment battue par son compagnon, Yves Léonard. Son agresseur, Yves Léonard, une grosse pointure du pouvoir, se confie au journal Le Nouvelliste.

Il aura pris la fuite devant l’opprobre public et la menace de condamnation des autorités, non sans avoir omis de faire des commentaires au Nouvelliste. Aussi, dit-il : « Elle a un problème d’acné … » cherchant malencontreusement à justifier ces bleus à la joue gauche …, la morsure au dos ? Nice lui aurait mordu le pouce et il se serait défendu et l’aurait mordue à ce moment-là ; et puis, « elle semblait être possédée d’un mauvais esprit au cours d’une conversation sur un dossier dont le parquet a la charge ». Quant aux ecchymoses au dos, l’agresseur n’a pas fourni d’explications.

Rapport de domination masculine

La honte qu’éprouve Nice, en tant que femme dotée d’autorité politique, l’avait retenue de le dénoncer avant le 3 octobre, car ce n’était pas la première fois, dit-elle.

Mme Simon est une «  belle créature », doublée d’une actrice connue et adulée, une superbe femme originaire du Limbé, dans le nord d’Haïti, à la crinière noire et au teint chaud, charmante et dotée d’une intelligence indéniable. Politicienne, elle est la mairesse élue à la commune de Tabarre, sous la bannière du parti « Renmen Haïti » de l’actuel Premier ministre Jean Henry Céant. À la question de savoir qui pourrait l’avoir agressée de la sorte la réponse est simple : lui, Yves Léonard, le père de son fils, dit-elle.

Pour mieux comprendre la situation, il faut se référer, avant tout, à un phénomène local et poser la question : Qu’entend-on par : «  Tout à coup, soudain, bref » ? C’est une expression utilisée pour exprimer l’étonnement face à l’apparition, tout à coup, d’une personnalité qui émerge soudain dans l’arène sociale, économique ou politique. Bien souvent elle est privée d’instruction, sans éducation, sans comportement, sans attache. Peu importe ses failles, cet animal économique ou politique réussit à s’imposer dans la société, porteur de de grandes ambitions…

D’aucuns se réfèrent à un tel personnage en l’appelant « Bad Boy » argenté, proche du président de la République, dont on dit avoir fait l’acquisition de sa maison privée sise à Pèlerin 5. Homme politiquement influent, présent dans tous les cercles politiques, oui, c’est lui le compagnon de Nice Simon, Yves, qui n’accepte pas les défis qu’elle lui pose, de sorte qu’il aurait, en guise de représailles, pris des mesures pour la soumettre à sa volonté. Et, c ́est, précisément, un « Tout à coup, soudain, bref», dit le commentateur de Radio Méga dont je tiens cette expression. Comme s’il voulait que tout le monde soit à même d’identifier les puissants prédateurs !

Mobilisation sur l’évocation de domination ; Réaction de soutien ou de solidarité à Nice Simon

Suite à cet incident révoltant, les militantes féministes montent au créneau. Citons, en tout premier lieu, Marie Laurence Lassègue de IDEA International et Pascale Solage, militante féministe en tête du Petrochallenge. Mais elles ne sont pas les seules. Il y a aussi le commissaire du gouvernement, le ministre de l’Intérieur, le sénateur Antonio Cheramy, qui ont tous emboîté le pas, comme tant d’autres secteurs, telles que la Fédération nationale des maires.

Or, tant de victimes n’ont pas été comprises avant Nice Simon, quand bien même le souvenir de Ginoue Mondésir n’aurait pas été effacé de la mémoire collective.

Le système judiciaire s’est mis en branle

Sur ces entrefaites, le système judiciaire s’est mis en branle. En tout cas, il a donné le signal qu’il entend bouger dans ce cas. Puisque, un mandat d’amener pour tentative d’assassinat et voies de fait sur la personne de la mairesse de Tabarre a été décerné par le parquet de la Croix des Bouquets contre Yves Léonard; ainsi qu’une mesure d’interdiction de départ pris à son encontre. Mais il se serait mis à couvert ; d’aucuns prétendent qu’il aurait déjà quitté le pays pour se réfugier en République dominicaine.

Mais quels sont les motifs de cette dispute violente ?

Dans la foulée de cette attaque jugée antisociale par plus d’un, on s’interroge sur les motifs d’un tel comportement. Pour le ministre de l’Intérieur, Yves Léonard est tout simplement « un prédateur ». Mais l’agresseur lève le voile un peu sur ses intentions, dans les révélations qu’il a fait au journal Le Nouvelliste faisant état de la compétition politique existant entre les deux. En effet, Léonard a confié à ce journal qu’il aspire au poste de maire de Delmas qu’occupe présentement Nice Simon.

En revanche, celle-ci accuse son concubin d’inciter le commissaire du gouvernement à pousser en avant un dossier d’enquête sur la gestion de la mairie de Tabarre, tel que présenté par l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) au parquet. Ce qui, de toute évidence, vise, implicitement, à découvrir des informations en amont, afin de la discréditer. Toutefois, elle prétend être hors de cause dans cette enquête puisqu’à l’époque évoquée par l’enquête elle n’était pas encore mairesse. Il s’agit de la période s’étendant entre octobre 2015 et janvier 2016.

En tout cas, l’ex-sénateur Simon Desras, un opposant de la première heure du président Moïse, soutient la thèse de rivalité politique. Il l’a indiqué clairement dans sa vidée-témoignage. S’il n’y avait pas de compétition politique de la part d’Yves Léonard, il n’y aurait pas cette violence contre Nice Simon. Non plus de dénonciation de la part de Nice.

En dépit des faits connus, on se demande si vraiment la rivalité est à l’origine de ce conflit conjugal entre deux personnages intimement lié au pouvoir, dont la femme, la mairesse de Tabarre, est une partisane du Premier ministre Jean Henry Céant; et l’homme un proche du président Jovenel Moïse ? Mario Delcy, l’avocat de la plaignante, est, selon la rumeur, un admirateur passionné de cette dernière.

À mon sens, qu’il s’agisse de jalousie ou de compétition politique, l’agression physique est un acte dangereux, d’autant plus que Léonard est accusé par la plaignante d’être un récidiviste. Ce n’est pas le premier acte de violence public dont elle est victime, car il aurait déjà agi de la sorte à la mairie même.

Autrement dit, il s’agirait d’un récidiviste ayant jusque-là bénéficié de l’indulgence d ́une complice, a souligné un des commentateurs de Radio Méga. Pour ce dernier, c’est le dérèglement social, la perte des valeurs traditionnelles qui ont transformé Haïti en une société réduite au comportement bestial. La dualité bourgeoisie d’argent et l’irresponsabilité étatique des politiques a donné naissance à tous ces « bandits » à la tête du pays.

L’égalité des genres dans la société haïtienne

Les naturalistes pensent que le pénis est naturellement polygame, et nombreux sont-ils qui adhèrent à cette théorie. On ne doit pas perdre de vue que des irrégularités constatées dans l’interaction homme-femme engendrent souvent des polémiques sur la scène nationale.

Le clivage des opinions et des comportements des hommes et des femmes par rapport aux relations de genres, mais surtout de couples, s’effrite progressivement dans les pays avancés où les mouvements féministes s’activent à faire droit au respect de la femme. Pourtant, en Haïti, on a du mal à reconnaître les avancées faites globalement dans ce domaine.

Sans aucun doute, seuls les couples sont imbus de la réalité de leur vie; et quand la violence s’installe dans les relations entre l’homme et la femme, deux choix s’imposent : Garder privée sa relation tout en cherchant assistance auprès de l’aide psychologique pour le couple; ou décider de rendre publique son intimité par le recours à la justice.

Bien souvent, il arrive que des couples, qui sont vraiment épris l’un de l’autre, fassent soudain marche arrière, et le tribunal de famille (qui n’existe pas encore en Haïti, comme le dit Me Claudy Gassant, au micro de Luco Désir) se trouve totalement désarmé. Les hommes de loi s’en trouvent, après étude du dossier, dans une difficile position quand les menaces de dérapage entre les partenaires semblent bien réelles.

Haïti est-il un pays de machos et de polygames ?

Notre culture greffée sur celle des Français, vestige d’un lointain passé de libertinage, porte sans doute l’homme haïtien, comme le Français d’hier, à adopter une attitude de conquérant, à ne pas dramatiser la polygamie, tandis que les Anglo-Saxons puritains en font une affaire inadmissible et condamnable. Les naturalistes pensent que le pénis est polygame. La femme, de son côté, a sa pudeur et ses craintes de passer pour une pute quand elle met en doute l’ordre établi. Mais, sait-on qu’en Haïti il y a plus de femmes que d’hommes ayant déclaré que la violence domestique était acceptable ? Un sondage met cette tendance à 17% contre 11% pour les hommes. J’avoue que, pour ma part, ces statistiques sont loin de refléter la réalité.

J’ai le grand privilège de n’avoir pas subi d’abus des hommes ; et il m’est très difficile d’imaginer encaisser des coups, et même de comprendre ces abus. Néanmoins, ma recommandation à ma fille consiste à ne jamais accepter des coups et même de prévenir tout homme qu’elle n’accepterait jamais ― ô grand jamais ― un tel comportement. Un homme averti en vaut deux ; ce qui n’est, évidemment, que ma conception personnelle.

Je dois dire que mon intérêt pour mon pays d’origine, qui me porte à suivre les vidéos sur le NET, m’a révélé que beaucoup d’hommes haïtiens sont profondément et définitivement caractérisés de machisme très poussé. Pour illustrer ce fait, il m’a donné de voir et d’entendre que la présence des femmes sur les plateformes, dans le cadre de débats publics, provo que immédiatement des commentaires, des blagues de mauvais goût émaillées de compliments grivois et ricanements déplacés envers les femmes présentes.

La virilité s’identifie-t-elle au machisme ?

Attention, mais avec des nuances. Si on vient d’apprendre que nombreux sont-ils à avoir condamné l’agression physique contre la femme, il demeure pourtant, après observation, que l’homme haïtien ne sait pas, ou encore n ́est pas capable de gérer les tentatives de séduction. Son comportement de tous les jours face à la femme, surtout quand elle serait belle et aguichante, est reprochable.

L’homme haïtien, a-t-il compris que les mœurs évoluent rapidement et qu’il serait bon qu’ils soient attentifs à pareilles transformations ? Autrefois, la femme était constamment blâmée d’avoir provoqué l’homme, soit par son comportement, sa tenue et ses gestes, tandis qu’aujourd’hui elle est libre de ses tenues et manières. La mode juvénile s’impose en jupes courtes et seins visibles sous des corsages diaphanes; et c’est à l’homme de se restreindre quand il aurait voulu s’étaler…

Ces hommes, qui affichent pareil les attitudes, se sentent-ils diminués quand des femmes ne se prêtent pas à leurs jeux ? Ce critère qui veut que l’homme soit fidèle ou respectueux, est-il une norme à rejeter parce que la société insulaire haïtienne considère qu’un homme doit a priori imposer sa force et ses sentiments de sexe dominant à toute occasion ? Il n’est que d’imaginer les mêmes commentaires que proposent les hommes venus de femmes pour répondre à cette question.

En revanche, l’homme haïtien, souvent misogyne, qui pourtant, vénère sa mère et adule en paroles élogieuses son épouse, tan dis que toute autre femme, particulièrement celle qui pourrait s’imposer à lui en compétitrice, sur le plan professionnel, est tout simplement bonne à « Prendre ». La compétition professionnelle est une incitation d’autant plus forte qu’elle provoque immédiatement des commentaires grivois, des attitudes machistes. Inférioriser la femme en s’en prenant à ses humeurs ou à son « vagin » est un abus, pas un droit.

Mais encore, la femme haïtienne n’est-elle pas souvent complice de ces jeux machistes ? 17 % des femmes estimeraient qu’il est normal que le partenaire batte sa compagne, disent certains sondages (article RFI) ? En réalité, le pourcentage semble bien moindre, tout simplement parce que souvent les femmes interrogées dans les sondages ne disent pas ce qui leur fait mal. Peur de représailles également ? Peut-être ! Justement, ce qui me frappe c’est l’acquiescement plein et entier de certaines de mes sœurs : une attitude tout à fait mielleuse, tout en roucoulements et en flirtes, quand elles se trouvent agressées verbalement dans certaines circonstances. Il arrive, selon ces femmes, que l’homme, dans un acte naturel d’imposition de son sexe sur l’environnement, ne semble pas s’engager dans un acte voulu, mais se soumet à une habitude sociale à tolérer. En serait-il de même pour la femme qui se croit d’autant plus féminine quand elle se laisse faire, acceptant d’entrer dans le jeu de la domination du pénis ?

La pudeur ou l’autocensure, la consécration à la famille sont-elles le substrat sur lequel repose l’inégalité en nombre des hommes et des femmes au sein du gouvernement ?

Même si ― et je reprends ici le commentaire du journaliste de radio Méga ― : Le parlement même serait un repaire de bandits et de voyous. De sorte qu’il n’y aurait pas de fierté pour la femme de se dire parlementaire… Ceci dit, c’est justement une de ces raisons pour lesquelles il faut faire participer la femme, qui y a sa place, en vue de la réforme de cette institution. Même si l’on ne peut donner aucune garantie de succès.

Difficultés d’accès des femmes au sommet de l’administration publique

Incontestablement, le système politique haïtien reste figé dans une tradition rétrograde, puisque la stipulation constitutionnelle impliquant une parité de 30% entre hommes et femmes au service de l’État n’est pas respectée. Quand on connaît la détermination proverbiale de la femme haïtienne, en sus de son instinct maternel la rendant maladivement dévouée à sa famille excellant dans le domaine commercial, on se rend compte que la femme possède tous les atouts pour participer efficacement au développement du pays. Ce qui nous fait dire, avec les spécialistes : « La femme est la clé de voute du développement ».

Voilà une problématique que je laisserai volontiers aux féministes spécialistes en la matière. Car dans la réalité politique haïtienne, une seule femme siège au Sénat, et elle s’appelle Dieudonne Luma Étienne, élue à la 50e Législature de la République d’Haïti, en 2016. Et seulement une poignée à la Chambre basse. À l’instar du Japon, autre pays où la femme est sous-estimée, sous-valorisé. Sur les deux femmes qu’il y avait, au Sénat japonais, aujourd’hui il n’en reste plus qu’une seule, Satsui Katayama, malgré les promesses électorales du président Shinzo Abe, selon CNN.

Quels progrès ont été réalisés dans ce domaine ?

Il y a des femmes non engagées qui ont souscrit à ce mouvement, ayant décidé de reconstruire leur passé, et qui se sont mises à parler.

Mais, attention, d‘aucuns taguent le mouvement en progression d’hystérie collective, et même de mouvement agressif qui viserait à ruiner la vie des hommes. Mais ces derniers ne tarderont pas à un retour de bâton.

Quand il est question de rapport de couple, il ne faut pas oublier que, pour les femmes, la séduction est une relation mesurée liée à l’acceptation, au consentement et toujours aux ajustements dans la rencontre ; et certainement pas dans l’usage de la force ou le recours aux pressions, voire au viol.

Mais ne faut-t-il pas faire attention au féminisme victimaire ? Surtout les femmes qui se plaignent souvent d’être faussement harcelées sexuellement, celles qui nuisent au mouvement de libération. Nous regrettons sérieusement de telles manipulations pour le tort qu’il fait à la lutte pour l’égalité entre les sexes.

Le mouvement Ti manman chéri

Il s’agit d’un programme social jugé offensant par une commentatrice de Radio Méga, dont je partage l’opinion, puisque, en réalité, c ́est un modèle qui infériorise la femme en la plaçant au rang de victimes à qui l’on distribue l’aumône, au lieu d’en avoir recours pour lui permettre de réaliser de la plus-value, lui assurant ainsi une certaine indépendance.

Une pensée pour Ginoue Mondésir

La violence domestique ne connaît pas de classe sociale, de couleur, et surtout pas de mesures. Les coups et blessures peuvent atteindre des extrémités, allant jusqu’à causer la mort de la victime. Ce malheur est arrivé à Ginoue Mondésir, actrice et présentatrice à Télémax. Ginoue, de regrettée mémoire, a été tuée par Valdo Jean, son époux, qui court encore.

Puisque la lutte est longue et pénible, je vous invite, femmes, à reprendre votre souffle en chantant allégrement la vie, en mémoire de tant de femmes, victimes connues ou anonymes. Chantons la solidarité sur ce hit fort joyeux de l’artiste, une femme israélienne, cette chanson dont la lyrique est quelque peu vengeresse, et je m’en réjouis quand même :

« I am not a doll : I am not your doll, stupid boy !

Woman, don’t you forget, you are divine and he is about to regret it.

I’ll take you down ». (« Je ne suis pas ta poupée, garçon stupide !

Femme, n’oublie pas que tu es divine et qu’il est sur le point de le regretter. Je vais te descendre! »

Examinons de plus près le panorama international quand la lutte pour l’égalité des genres prend de nouvelles tournures.

Aux États-Unis d’Amérique

La parole se libère, les lignes bougent : soulèvement des femmes contre la violence sexuelle, charge émotionnelle. Le mouvement féministe #Metoo a tout juste un an. Harvey Weinstein est dénoncé pour sexisme et harcèlement sexuel au New York Times, puis à la revue The New Yorker, au Hashtag #Metoo. C’était en octobre 2017 quand des accusations en cascade furent faites à l’encontre d’un des producteurs américains les plus connus et les plus puissants : Harvey Weinstein. Cette accusation a vite pris un tournant viral. Réaction machiste ? Résistance de l’agresseur : Harvey Weinstein, 66 ans, producteur de renom, ne reconnaît toujours pas les abus sexuels dont il est accusé sur près de 100 femmes. Le mouvement #Metoo est symptomatique d’avancées dans la sphère des comportements égalitaires entre les genres.

Si ce mouvement impose une révision rétroactive sur les agissements d’hommes puissants du monde du spectacle d’Hollywood, et qu’il fait cet impact marquant, il faut alors conclure que la femme d’aujourd’hui ne tolère plus ni d’avoir subi des violences sexuelles dans le passé, encore moins dans le présent.

Oprah Winfrey, récipiendaire de la distinction honorifique Golden Globe d’octobre 2018, déclare que le temps est venu pour les hommes puissants (de pouvoir) et brutaux de comprendre que le temps où ils pratiquaient les abus sexuels est révolu. En anglais on leur dirait « time is up ». « Time is up », c’est aussi le nom de l’association qui a poussé les femmes présentes à la fête du Golden Globe à porter le noir en signe de protestation contre les abus perpétrés sur les femmes.

Le mouvement féminin est à la base des déboires de Bill Cosby cette icône internationale tant aimée, un des Noirs les plus admirés des États-Unis. C’est le premier homme inculpé sous l’accusation d’abus sexuels graves à avoir été trouvé coupable des accusations portées contre lui. Il a écopé de longues années de prison. Incarcéré immédiatement après sa sentence ses avocats ont déclaré qu’ils interjetteront appel.

Dans le cadre du mouvement des femmes contre les abus sexuels, Donal Trump, le président américain, est également visé. Dans certains milieux on pense qu’il est sans doute un parmi les grands politiciens jugés « too big to fall » (trop importants pour tomber). Michael Cohen l’avocat du président a avoué à la justice américaine : « À la de man de du candidat Trump, j’ai versé des centaines de milliers de dollars à ses anciennes liaisons ». Vous aurez peut-être imaginé que cet argent provenait de la caisse électorale.

Plus récemment, Brett Kavanaugh, aspirant au poste prestigieux de juge à la Cour suprême des États-Unis d’Amérique, a été l’objet de semblables accusations. Mais il a été blanchi par le rapport du FBI pour preuves non convaincantes par rapport aux accusations portées contre lui en relation avec des abus de comportement sexuel : en prévision des prochaines élections, un millier de personnes ont manifesté cette semaine, à Washington, leur rejet de ce rapport en criant : « Ne trahissez pas les femmes, votez non a à la nomination du juge à la Cour suprême ». Trois cents manifestants avaient été arrêtés.

Au bout du compte, le juge Kavanaugh, malgré les accusations qui l’ont accablé et malgré ses ombres comportementales dénoncées par ses victimes, a été confirmé juge à la Cour suprême.

En France, le « Mouvement #Balance ton porc » poursuit son chemin. D’ores et déjà, il secoue les hiérarchies en place, comme le rapport de domination. Le voilà bel et bien lancé à la conquête de forteresses politico-sociales où se retranchent des hommes puissants. Les actions collectives qu’il mène exploitent à fond les réseaux sociaux. Sur tout qu’il s’apparente au « Mouvement #Metoo », qui s’attaque à la vie et au comportement de tous les jours de certains hommes, comme le Mouvement #Balance ton porc.

« On n’est pas née soumise, on le devient ». Une soumission active et sociétale, ainsi qu’une volonté manipulatrice de la femme afin de se tailler une place dans les secteurs de pouvoir ― généralement la chasse gardée des hommes ― pourrait tout sabord

MM


cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti Observateur, édition du 17 octobre 2018 et se trouve à la P.9, 13, 14, à : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2018/10/H-O-17-Oct-2018.pdf

 

Ginoue Mondesir de son vivant

Nice Simon : son mari violent

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