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Soulouque

Incendie à la Cathédrale de Port-au-Prince, éveillant les Évêques haïtiens ainsi que le Vatican

EN GUISE DE L’ÉDITION

  • DU 3 AOÛT D’HAÏTI-OBSERVATEUR
  • Une contrariété rend impossible la sortie de l’édition du 3 août, nous nous excusons d’avoir oublié d’en annoncer les lecteurs. La prochaine édition sortira régulièrement le 10 août. À cet effet, est offert un résumé de quelques faits saillants de l’actualité, depuis la dernière édition.

Incendie à la Cathédrale de Port-au-Prince, éveillant les Évêques haïtiens ainsi que le Vatican. Et les « intouchables » en difficulté!

Mercredi 27 juillet, après la parution du journal de la semaine dernière, des criminels non identifiés ont mis le feu à la Cathédrale de l’Église catholique, à Port-au-Prince, désignée « Cathédrale transitoire », depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010, qui avait sérieusement endommagé l’imposant édifice, la Cathédrale Notre-Dame de l’Assomption, aussi dénommée Cathédrale de Port-au-Prince, inaugurée le 13 décembre 1928.

Grâce aux efforts déployés par les sapeurs-pompiers, le mal a été circonscrit, on a pu épargner le pire. Voilà encore une action criminelle attribuée aux gangs démontrant de plus en plus leur capacité et leur volonté d’infliger du mal sur toute la population, y compris les lieux sacrés.

Les évêques catholiques, sous l’égide de la Conférence épiscopale d’Haïti (CEH) n’ont pas tardé à émettre un message, le vendredi 29 juillet, dénonçant la « dégradation générale » de la situation dans « ce pays où le peuple souffre tant ». Et les évêques d’ajouter : « Il est déjà venu le temps de nous réveiller de notre torpeur pour dire de toutes nos forces : Non à l’insécurité ! Non au kidnapping ! Non à la légalisation par la complicité, de l’activité des gangs armés. Non à tout projet d’anéantissement de l’État visant à faciliter un quelconque agenda à l’encontre de ce peuple à qui cette terre est léguée ».

Sans langue de bois, les évêques dénoncent ceux qui « ne cessent de se rendre complices des malheurs de notre peuple », victimes de « corruption, extrême pauvreté, insécurité généralisée, kidnapping, la méfiance interpersonnelle [qui] sont les maux auxquels est venue s’ajouter la violence systémique des gangs armés qui se déclarent la guerre ici et là ».

Intervention non équivoque du Vatican le lendemain même

Dans un article signé de Delphine Allaire, Cité du Vatican, le samedi 30 juillet, la situation d’Haïti et le « cri de douleur » des évêques haïtiens est présenté de façon à soulever l’indignation de tous les fidèles, les incitant à s’engager aux côtés du peuple meurtri d’Haïti : « Ô Dieu ! Ils ont mis le feu à ton sanctuaire   ! . . . Ils ont envahi ton héritage. Ils ont profané ton saint temple, la demeure de ton Nom ! » Et l’auteure souligne : « C’est par les paroles de ce psaume que les évêques de la petite île des Caraïbes attirent l’attention sur la détresse de leur île, entrée dans une spirale systémique de chaos ».

Dans la foulée, l’organe du Vatican reprend, presque dans sa totalité, le message des évêques qui, entre autres, constate avec « une profonde tristesse et un sentiment intérieur de révolte » la dégradation « acceptée et largement provoquée de la situation du pays dans sa descente aux enfers ». C’est pourquoi, la Conférence épiscopale haïtienne « s’étonne et s’indigne contre l’impuissance de l’autorité de l’État » laissant « le champ libre aux gangs lourdement armés pour mettre à exécution en toute impunité tous leurs actes prémédités ».

Toujours selon l’organe du Vatican : « Pourquoi l’État n’agit-il pas? » Et référence est faite aux paroles des évêques haïtiens : « Ils kidnappent, séquestrent, cassent, tuent, brûlent, et mettent ainsi en défi les pouvoirs établis qui semblent totalement dépassés par ce qui se passe », tout en se demandant : « Pourquoi l’État n’agit-il pas pour sévir avec la rigueur nécessaire dans le cadre de la justice pour mettre les bandits hors d’état de nuire? Est-il impossible de couper les sources qui fournissent aux groupes et aux individus les armes et les munitions, ou bien cela profite-t-il à des personnes intouchables ? » Prises de position nettes !

Les profiteurs et les intouchables au plus haut niveau de l’État

Les évêques haïtiens ont mis le doigt dans la plaie en dénonçant des « profiteurs » et « personnes intouchables », qui seraient à la base de « l’état de dégradation du pays ». Ce n’est plus un secret pour personne que le département de la Justice (ou d’Injustice) d’Haïti, sous le contrôle d’un ministre doublé d’un repris de justice, du nom de Berto/Berteaud Dorcé, est responsable de l’introduction au pays d’armes de guerre et de munitions à gogo, instruments utilisés par les gangs pour imposer leur règne de terreur et causer la désolation au pays.

Dans un article, la semaine dernière, l’éditeur Léo Joseph avait mentionné que l’arrestation de Robinson Pierre-Louis, pour son implication dans le dossier des armes illégales, expédiées de Miami au port de Port-de-Paix, n’est qu’une « Boîte de Pandore ? » En clair, M. Pierre-Louis, conseiller du ministre de la Justitice/Injustice, n’a pas agi seul, mais de concert avec un autre haut cadre du département, soit Fritz Aubourg, depuis en cavale. Mais, apparemment, tout a été coordonné avec le ministre lui-même, un ancien juge qui a séjourné en prison, en 1997, pour avoir trempé dans un dossier de drogue à Aquin, où il avait libéré des trafiquants de drogue, moyennant une forte somme d’argent reçue comme pot de vin !

De son côté, le Premier ministre Ariel Henry ne pourrait s’innocenter dans cette affaire, car au mois de novembre, quand Michel/Michael Martelly insistait pour que Berto, son homme lige, soit casé au Ministère de l’Injustice, le chef de facto du gouvernement avait été averti, par Haïti-Observateur, par rapport au curriculum vitae de son ministre, qui ne sied pas à un ministre.  Mais, comme dit le dicton : « Qui se ressemble s’assemble ».

Mais, voilà Berto/Berteaud Dorcé en humeur de rébellion, refusant de démissionner, disant que, acculé en ce sens, il n’hésiterait pas à vendre la mèche concernant un tas de dossiers, même en ce qui a trait au cas de Joseph Félix Badio, allié du Dr. Ariel Henry, et réputé d’être la cheville ouvrière de l’assassinat du président de facto Jovenel Moïse. Ne dit-on pas que celui-là avait facilité la fuite, à la cloche de bois de Badio d’Haïti, alors qu’un mandat d’amener avait été émis à son encontre ?

Il paraît que les choses prennent une tournure inquiétante pour les personnes haut placées du pouvoir, les « intouchables », toutes catégories confondues, les vrais responsables de la situation actuelle du pays. Que la dissension s’installe, maintenant, au sein de l’équipe, n’est que le commencement des douleurs. Il faut s’attendre à d’autres manifestations de la « Boîte de Pandore! »

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*Quoi dire de la « Déclaration locale conjointe 1er août de la délégation de l’Union Européenne » ? 

Ceux qui s’étaient ligués pour nous imposer Ariel Henry comme Premier ministre à Haïti, et qui continuent de l’appuyer, bien qu’il s’accoquine avec les gangs, sortent de leur mutisme. Il faut se demander s’ils se considèrent menacés aussi par les gangs devenus omniprésents, s’approchant même du Palais national ? Grâce à leurs antenne un peu partout, ces diplomates sont au courant de bien de choses. En tout cas, voici la teneur de leur dernier message :

« La Délégation de l’Union européenne, ensemble avec les ambassades d’Allemagne, de l’Espagne et de la France, fait la déclaration suivante en Haïti :

« La Délégation de l’UE et les Ambassades de ses États membres expriment leur profonde consternation face à la dégradation constante de la situation des droits humains dans les quartiers de la zone métropolitaine de Port-au-Prince sous l’emprise des gangs armés, ayant provoqué lors des dernières semaines des centaines de morts et disparus et des milliers de déplacés.

« Parmi les violations intolérables des libertés fondamentales subies systématiquement par les populations qui y habitent (incluant le droit à la vie), la Délégation de l’UE et les Ambassades de ses États membres sont vivement préoccupées par les rapports faisant état d’actes de violence sexuelle. Parmi les victimes, soumises parfois aux viols collectifs, on compterait aussi des petites filles et des petits garçons adolescents. Ce type spécifique de violence, utilisé par les gangs armés pour instiller la terreur, anéantir la volonté de résistance, obtenir la soumission ou déplacer des populations, entraine des effets irréparables et irréversibles sur les victimes et, globalement, sur l’ensemble des communautés locales.

« La Délégation de l’UE et les Ambassades de ses États membres appellent à l’arrêt immédiat de ces actes répugnants ainsi qu’aux affrontements armés et toute action de violence, afin de permettre aux victimes, notamment dans la commune de Cité Soleil, de recevoir les soins d’urgence ainsi que l’assistance humanitaire essentielle.

« La Délégation de l’UE et les Ambassades de ses États membres exhortent les autorités haïtiennes à multiplier les efforts pour faire cesser immédiatement ces violations injustifiables des droits humains, en intensifiant la lutte contre les gangs criminels et en poursuivant en justice tous les auteurs de ces actes ainsi que les entités et personnes qui les soutiennent.

« Nous sommes profondément attristés par ces actes de violence insensée et par l’énorme souffrance causée aux victimes et à leurs familles ».

Alors, on se demande où étaient-ils, ces ambassadeurs des États membres de l’UE, quand le « Bandit légal », Michel/Michael Martelly, et son alter ego, Laurent Salvador Lamothe, organisaient les gangs, dès 2011 ? Où étaient-ils, quand Jovenel Moïse avait choisi son chef de gang favori, l’ex-policier Jimmy Chérizier, dit Barbecue, pour mettre un peu d’ordre, en procédant à la « Fédération des gangs », avec l’organisation mère « G-9 en famille et alliés »?  N’est-il pas vrai que Helen Ruth Meagher La Lime, cheffe du BINUH, le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti, avait applaudi à cette nouveauté du président, assassiné depuis, dans les conditions horribles que l’on sait ?

Alors, on voudrait nous faire croire qu’il suffit d’un simple appel, de leur part, à « l’arrêt immédiat de ces actes répugnants » pour rétablir l’ordre, à tous les niveaux de la vie nationale ? Pourquoi attendre jusqu’à lundi pour lancer cet appel ? De quelle « justice » s’agit-il, qui devra agir contre les « auteurs de ces actes ainsi que les entités et personnes qui les soutiennent ? » Ce ne serait pas celle se trouvant sous coupe réglée avec un ministre, qui traîne un casier criminel en charge ! Cela équivaudrait à faire hara-kiri.

Sans aucun doute, leurs larmes de crocodile ne suffiront pas pour rectifier une situation que toutes ces ambassades ont contribué à créer, faisant installer des personnes indignes, mais qui leur sont fidèles à des postes clés, qui s’allient aux gangs en vue de perdurer au pouvoir, avec l’appui des « amis d’Haïti » que sont ces diplomates en mission de déstabilisation permanente! Ceci, depuis l’effronterie de nos ancêtres qui ont vaincu les forces esclavagistes!

*Entre-temps les Haïtiens font le sacrifice de leur vie, en essayant de fuir l’enfer qu’est devenu leur pays

 Dans sa rubrique « All Things Considered » (Toutes considérations incluses), jeudi dernier, 28 juillet, la chaîne NPR (National Public Radio) a bien considéré ce qui se passe en Haïti, soulignant qu’à mesure que les gens s’enfuient d’Haïti, les tragédies en haute mer augmentent. Ainsi, a-t-on recensé 17 mortalités, le dimanche, 24 juillet, quand un bateau surchargé a fait naufrage au large des Bahamas.

Le jeudi, 28 juillet, la Garde Côtière américaine a récupéré cinq cadavres d’Haïtiens au large des côtes de Puerto Rico, tout en secourant « des douzaines » qui se trouvaient à bord d’un bateau qui y avait fait naufrage. Et le journaliste Greg Allen, intervenant de Miami, a souligné que « pareille situation n’a été constatée depuis 30 ans ». Les gens, dit-il, versent des milliers de dollars pour s’enfuir, prenant des risques énormes en haute mer, à la recherche d’un mieux-être, dans un pays lointain. Le commissaire de Police bahamien, Clayton Fernander, a confirmé qu’il a été trouvée une liasse de billets verts dans le bateau qui avait fait naufrage au large des Bahamas.  « Le capitaine du bateau devra répondre en justice pour ses actions ayant occasionné ces pertes de vies humaines ».

À souligner que, selon les déclarations de la Garde côtière américaine, depuis le début de l’année, les autorités américaines, assurant la surveillance des côtes du sud-est des États-Unis, constatent, au moins deux embarcations de fortune par semaine. Tout en ajoutant qu’au mois d’avril, 78 personnes interceptées ont été rapatriées en Haïti. Au mois de mai, elle dit avoir sauvé la vie à 38 autres réfugiés et recouvré 11 cadavres, non loin des côtes de Puerto Rico.

Il est à signaler que tous ceux qui ont pu survivre le dangereux trajet ont déclaré qu’ils s’enfuient d’Haïti pour échapper à une mort certaine des mains des gangs, citant un certain Monsieur Petit, qui eut à dire : « Rester en Haïti est synonyme de mort certaine, mais en prenant le risque à bord d’un bateau, j’ai la chance d’arriver à un port ». Telle est la situation actuelle causant l’exode en haute mer des réfugiés haïtiens, per fas et nefas!

*Le congressiste démocrate Andy Levin se prononce sur la question des armes introduites en Haïti

Ce congressiste du Michigan, toujours à l’avant-garde s’agissant de la situation d’Haïti, a introduit un amendement à la loi 117-54 visant au contrôle du trafic d’armes entre les États-Unis et Haïti, causant tant de problèmes au pays.  « Durant les 180 jours, après l’entrée en vigueur de l’acte, le secrétaire d’État, en consultation avec le ministre du Commerce et de l’Attorney General (ministre de la Justice), présentera un rapport sur le trafic d’armes en circulation en Haïti, aux comités compétents » du Congrès, notamment ceux « des Forces armées, des Affaires étrangères et aussi du Judiciaire, de la Chambre basse ».

Ce rapport devra établir l’origine des armes trouvées en Haïti, y compris celles en possession de la Police nationale d’Haïti et d’autres organisations d’État, ainsi que celles détournées à d’autres fins. Aussi, le rapport à soumettre devra statuer sur l’origine des armes venant des États-Unis et illégalement introduites en Haïti, depuis 1991. Par quels ports arrivent-elles, ainsi que l’identité des courtiers et celle d’officiels gouvernementaux et les gangs impliqués dans le trafic de ces armes.

En clair, le congressiste Levin prend les taureaux par les cornes, dans le dossier de l’insécurité sévissant en Haïti. À cet égard, le proverbe créole a tout son pesant d’or : « Lagè avèti pa touye kokobe ! » (À bon entendeur, salut !)

Dernière Heure : Hier, mardi 3 août, aux élections primaires dans le Michigan, en vue de choisir le candidat démocrate à se présenter face au candidat républicain lors des élections de novembre prochain, Andy Levin a été évincé par Haley Stevens, moins progressiste que lui. Mais avant son départ du Congrès Monsieur Levin est demeuré égal à lui-même quant à sa défense du peuple haïtien. Nous le remercions, tout en lui souhaitant du succès en tout ce qu’il entreprendra.

*Les États-Unis se félicitent d’avoir éliminé Ayman al-Zawahiri

Avant-hier, lundi, 1er août, la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre : Ayman al-Zawahiri, le leader de l’organisation Al-Qaeda, allié d’Osama bin Laden, qui avait, avec ce dernier, planifié l’attaque dite de « 9/11 », le 11 septembre 2001, contre le « World Trade Center » (la Tour jumelle), qui trônait, au bas de Manhattan, est mort, à Kabul, au Pakistan, suite à une attaque ciblée, effectuée par un drone de la Central Intelligence Agency (CIA), l’agence américaine d’espionnage.

Le président Biden, toujours en hibernation, après avoir testé positif au coronavirus, une seconde fois, s’est montré, à la télévision pour déclarer : « Cela prendra tout le temps qu’il faut, et nous irons n’importe où. Mais si vous représentez une menace pour notre peuple, nous vous trouverons et aurons le dessus ! » Il a fallu une vingtaine d’années avant de mettre fin à la vie d’Ayman al-Zawahiri, d’origine égyptienne, qui avait pris la relève après qu’Osama bin Laden, de l’Arabie saoudite, eut été éliminé, le 2 mai 2011, par les services américains, lors d’une descente éclair à Abbottabad, au Pakistan.

*La congressiste Nancy Pelosi, cheffe de la Chambre basse au Congrès américain, fait escale à Taïwan

Faisant fi des menaces de la Grande Chine, qui avait averti qu’elle ne devait pas mettre les pieds dans l’île, indépendante de la Chine depuis des lustres, mais reconnue territoire libre par les autorités américaines et leurs alliés, Nancy Pelosi a atterri, le mardi 2 août, à Taipei, en grande pompe. C’est la première autorité américaine de ce rang à fouler le sol taïwanais, depuis 25 ans. Ce faisant, Mme Pelosi enverrait-elle un message clair, au peuple américain, qu’elle serait apte à briguer la présidence, surtout à un moment où l’on doute que Joe Biden puisse se faire réélire, en 2024?

Avant de laisser Taïwan ce mercredi, Nancy Pelosi, au cours d’un point de presse, a déclaré : « Par notre présence ici, notre délégation a envoyé un message non équivoque, savoir que l’Amérique demeure solidaire de Taïwan ».  Entre-temps, les Chinois lancent des actions hostiles dans la zone, tels des exercices simulant la guerre. En tout cas, on attend les retombées de cette visite.

RAJ, 3 août 2022, à raljo31@yahoo.com


Haïti-Observateur / ISSN: 1043-3783

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