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Soulouque

Michel Martelly, Laurent Lamothe & Consorts dans les Lunettes de la Justice américaine

LE DOSSIER DE LA CONTREBANDE D’ARMES EN HAÏTI

  • Michel Martelly, Laurent Lamothe et consorts dans les lunettes de la justice américaine
  • Le commissaire Francène Moreau également visé . . . par Léo Joseph

La mise en état d’arrestation de l’ex-directeur général de la Police nationale d’Haïti (PNH), Godson Orélus, écroué à la prison de Saint-Marc, par le juge et juge d’instruction Dieunel Lumérant, de cette ville, constitue l’émanation d’une enquête de la justice américaine sur une exportation illégale d’armes effectuée par Joël Junior Joseph, propriétaire de la firme « Global Dynasty Corps S.A. », constituée en société commerciale en Floride, et dont le siège social se trouve à Orlando. Un dossier qui prend une dimension globale, l’enquête des Américaines ayant découvert une vaste conspiration dont les tenants et aboutissants ramènent au Palais national. Dans de telles circonstances, M. Orélus et d’autres hauts gradés de la PNH risquent de faire le déplacement à Miami en vue de révéler tout ce qu’ils savent de la compagnie importatrice de ces armes. Mais l’affaire des armes semble se corser davantage, car le commissaire Francène Moreau est également visé.

Après tout ce qu’on sait déjà par rapport au dossier des armes importées par la Global Dynasty S.A, un autre haut gradé de la PNH est également impliqué. Francène Moreau, directeur de l’Académie nationale de la Police (ANP), dont le nom vient d’être ajouté à ceux de l’ex-directeur général de la PNH Godson Orélus, André Jonas Vladimir Paraison, inspecteur général de la PNH et Ralph Stanley Jean Brice, inspecteur général de la PNH, que les autorités judiciaires américaines veulent interroger sur l’affaire de ces armes importées illégalement.

Incontestablement, la décision du juge Lumérant concernant M. Orélus est historique. Car jamais, dans l’histoire contemporaine d’Haï ti, un ex-chef de la Police nationale ou d’un ancien haut gradé militaire du pays (au temps des Forces armées d’Haïti, FAd’H) n’a été l’objet d’un tel traitement. Cette situation s’explique par le fait que Haïti n’avait jamais connu ce genre d’activités faisant de ses dirigeants des criminels internationaux. C’est précisément cette crainte qui a porté les Américains à vouloir découvrir le fin fond de l’affaire. Car, dans l’hypothèse où des armes provenant d’Haïti ont été identifiées dans des pays voisins comme la Jamaïque, la République dominicaine, la Colombie, ou encore le Venezuela, et bien d’autres, comme cela est indiqué par les milieux responsables en matière de sécurité, les Américains ne peuvent rester indifférents. Surtout que les armes en question ont été exportées clandestinement et illégalement des États-Unis. Dans ce contexte, la justice américaine entend tout mettre en œuvre pour identifier tous les responsables de trafic illicite potentiellement susceptible de mettre ces engins dangereux entre les mains des terroristes et autres secteurs hostiles aux intérêts américains. Aussi l’identité des importateurs, des distributeurs et surtout des acheteurs au niveau de la revente de ces outils de guerre ou instruments la mort.

Dans un pays aussi dangereux comme Haïti, où les armes illégales circulent à qui-mieux mieux et où les tueurs à gage sont engagés pour une pitance; et, de surcroît, où la fiabilité des témoins laisse à désirer, les autorités américaines ne peuvent s’empêcher de sauter sur une bonne occasion d’arracher la vérité à un informateur jugé hautement qualifié. En tant que signataire de l’autorisation octroyé à Jimy Joseph, le « représentant » de Global Dynasty Corps S. A., établie principalement en société anonyme en Haïti, Orélus se trouve bien placé pour donner des informations sur cette opération. Les dirigeants américains croient avoir en lui le témoin idéal pour connaître tous les détails relatifs aux vrais propriétaires de cette compagnie ayant l’air de n’avoir aucun statut réel en Haïti. Car, légalisée en Floride, sous le nom Global Dynasty Corps LLP. Il faut retenir que Jimmy Joseph, frère de Joël Junior Joseph, était directeur de Global Dynasty Corps LLP d’Orlando, Floride.

Dans l’acte d’inculpation des frères Joseph, il est souligné que Junior Joseph, de concert avec son frère Jimy et d’autres individus connus par la justice américaine, ont conspiré pour acheter ensuite exporter en Haïti des armes interdites d’exportation vers ce pays par les lois américaines.

Il est également indiqué, dans l’acte de mise en accusation des frères Joseph, que toutes les phases de cette conspiration étaient suivies de près par les autorités judiciaires américaines par l’intermédiaire d’un informateur planté en leur sein. Puisque, à travers tout le document référence est faite à un individu « non inculpe », une expression généralement utilisée pour désigner un « collaborateur ».

En effet, dans l’acte d’inculpation, les communications ayant eu lieu entre les deux frères et leurs alliés en Haïti, soit par internet (What’sUp) ou téléphone, sont interceptées intégralement toutes les conversations, permettant aux autorités fédérales de faire d’autres recoupements sur le cas, en sus d’obtenir des évidences matérielles tout au long de l’enquête. À la lumière des faits qui se sont dégagés de cette exportation d’armes et de munitions assurée par les frères Joseph, il semble que les autorités judiciaires américaines se soient mobilisées en vue de s’instruire totalement sur une première expédition illicite d’armes, celle qu’avaient menée, quelques mois plus tôt, par Laurent Lamothe et Salim Soukar.

Rappelons que, agissant pour et au nom de Lamothe, Salim Soukar avait intenté un procès contre l’économiste Parnell Duverger et Joël Deeb, ainsi que l’organe presse en ligne Omega News, suite à la dénonciation de cette importation illégale d’armes dans ce journal.

Salim Soukar contre Omega News au Tribunal fédéral

L’avocat haïtiano-américain Salim Soukar, dans le cadre de la campagne de représailles contre les journalistes haïtiens en diaspora (Léo Joseph d’Haiti-Observateur, Parnell Duvergé et Joël Deeb d’Omega News, ainsi que Patrick Morisseau de Tout Haiti, objets de procès par-devant le Tribunal fédéral de Miami), dénonçant les méfaits et crimes des régimes tet kale, intentait un procès auprès du Tribunal fédéral du district méridional, à Miami contre ces derniers. Mais dans un premier temps, les accusés ont été condamnés par contumace, car ne s’étant pas présentés pour répondre de l’accusation. Mais le verdict rendu a été annulé par le même juge donnant lieu à un nouveau procès.

Deeb et Duvergé, par l’organe de leur avocat, avaient déclaré le procès « sérieux » vu que l’article incriminé sur l’achat de ces armes, des mitrailleuses Galil, en Israël avait été écrit par l’avocat Emmanuel Roy et qu’ils n’avaient fait que publier le texte sur Omega News. À l’occasion de la nouvelle procédure civile engagée, s’est produit un revirement de fortune pour Salim Soukar. Le mensonge sur lequel était basé son cas fut exposé par la défense.

En effet, l’avocat de Duvergé, de Deeb et d’Omega News lui posa la question de savoir s’il n’a jamais effectué d’importation d’armes. À sa réponse négative, ce dernier lui a présenté le manifeste indiquant l’itinéraire des armes en question embarquées à Tel-Aviv, en Israël, à destination de Port-au-Prince, Haïti via Mont réal Canada) dûment signé par lui. Ses yeux exorbités devaient démontrer à quel point cette question l’avait foudroyé.

Une autre question adressée à Slim Soukar par l’avocat de la défense concerne sa citoyenneté. Brandissant la carte électorale de l’accusé, l’avocat de la défense lui demanda qui est le propriétaire de ce document. En répondant qu’il le lui appartient, il a suscité une autre question. Comment se fait-il que dans votre plainte contre MM. Duvergé et Deeb vous ayez déclaré être citoyen haïtien ? Soukar devait avouer qu’il détenait la double nationalité. Et l’avocat de rappeler au tribunal que l’accusé a menti concernant sa nationalité à deux reprises. Aussi le juge l’a-t-il débouté de ses prétentions contre les accusés.

Incontestablement, Salim Soukar a été trouvé coupable de mentir au Tribunal fédéral sous trois chefs. Son implication présumée dans l’affaire Global Dynasty Corps S.A/Global Dynasty Corps LLP fait de lui, mais surtout de ses alliés politiques Michel Martelly et Laurent Lamothe, des « cartes marquées » aux yeux des autorités judiciaires américaines. Mais au fur et à mesure qu’évolue ce dossier, s’y ajoutent des éléments nouveaux spectaculaires.

D’autres hauts gradés de la PNH concernés

Les derniers éléments versés au dossier de l’importation illégale d’armes par les frères Joseph concernent d’autres hauts gradés de la PNH. Le juge instructeur, sous la pression des Américains, cherche à connaître l’identités de tous les acteurs et le rôle qu’ils ont joué, dans le cadre de cette conspiration.

En effet, des sources proches des de l’institution policière, à Port-au-Prince, ont révélé que André Jonas Vladimir Paraison, inspecteur général de la PNH (alors commissaire divisionnaire) et Ralph Stanley Jean Brice, présentement inspecteur général de la PNH, seraient en passe de se présenter par-devant le juge Dieunel Lémeurant. Des informateurs proches de l’institution ont laissé entendre que le magistrat aurait adressé une requête à la Direction générale demandant que ces deux hauts gradés se présentent devant lui. Selon la même source, l’ordonnance du magistrat aurait requis que MM Paraison et Brice ne soient pas vêtus de leur uniforme au moment de leur comparution.

Les rumeurs de remise en liberté de l’ex-directeur de la PNH, qui reste encore à se concrétiser, semblent conforter l’idée selon laquelle les autorités judiciaires américaines auraient sollicité à leurs homologues haïtiens de faciliter la continuation de l’enquête aux États-Unis avec la participation d’Orélus, de Paraison et de Brice.

Les mêmes sources ont précisé que cette sollicitation s’explique par le fait que ces derniers, accompagnés du sénateur Hervé Fourcand, représentant le département du Sud, avaient pris part à une tentative de sortir le camion chargé d’armes et de munition et d’autres effets personnels de la Douane de Saint-Marc. Mais à leur arrivée sur place, ils devaient constater que la Police les avait précédés. D’autres sources, qui souhaitent que leur identité soit tenue secrète, ont fait savoir que ces deux hauts gradés avaient reçu l’ « ordre d’autorités supérieurs » de faire ce déplacement à Saint-Marc en vue de mener cette opération.

À souligner que, il fait aussi mention, dans l’acte d’accusation des frères Joseph, devant la Cour fédérale de Miami, que des messages envoyés par What’sUp à des personnes non identifiées s’adressaient à Vladimir Paraison et à Ralph Stanley Brice.

D’autres sources, également fiables, font savoir qu’en tant que formateur de la nouvelle force de sécurité créée par Michel Martelly, en l’occurrence la Brigade d’opérations d’interventions départementale (BOID), Paraison aurait eu un intérêt particulier à faire sortir ces armes de la Douane de Saint-Marc. Mais d’autres sources ont précisé que ces engins devaient également servir à armer la nouvelle institution militaire appelée à ressusciter la Force armées d’Haïti (FAdH) démobilisée par Aristide, et dont la réorganisation par Michel Martelly était déjà mise en train. Les problèmes rencontrés par Jovenel Moïse, exécutant du projet de remobilisation de l’Armée originellement conçu par Martelly à doter l’institution d’armes modernes semble conforter cette idée.

À l’analyse des faits entourant l’importation d’armes effectuée précédemment par Laurent Lamothe et Salim Soukar, qui n’ont pas été remises à la PNH, on comprend mieux le manque d’armes que connaît la force de police haïtienne se trouvant dans l’impossibilité de maîtrise les gangs armés qui semblent avoir été les détenteurs de ces armes importées illégalement en Haïti.

Michaël Gédéon inquiet des problèmes du commissaire Moreau

L’affaire Globay Dynasty Corps S.A. inquiète au plus haut point le directeur général de la PNH. Proche du commissaire Moreau, Michaël Gédéon ne sait à quel saint se vouer pour sortir son ami de cette situation difficile. Il craint surtout qu’une fois M. Moreau en train d’être grillé par des enquêteurs, aux États-Unis, dans le cadre de l’affaire des armes importées par Jimy Joseph, il ne soit interrogé sur d’autres questions relatives à des dossiers différents dans lesquels il serait personnellement impliqué.

En effet, Michaël Gédéon était l’objet d’une enquête sur le détournement d’une partie du stock de produits pétroliers destiné à la Police. Mais celle-ci avait tourné court, suite à des transferts qui étaient opérés au niveau des hauts gradés de l’institution, après les émeutes des 6-8 juillet. À l’époque, le commissaire Sony Noël saint, un autre proche de Gédéon, était transféré à Washington en qualité d’attaché de police auprès du Département d’État. Tandis que le commissaire Moreau était nommé directeur de l’Académie de police. Chose bizarre, Normil Rameau, directeur de la Direction centrale de la Police judiciaire (DCPJ), qui menait l’enquête, a été démis de ses fonctions, et fut remplacé par le commissaire Joany Canéus.

Dans l’hypothèse où, comme certaines sources proches de l’institution policières voudraient le faire croire, l’ex-directeur général de la PNH, Paraison et Brice ainsi que Moreau seront transférés à Miami, le présent DG craint que Noëlsaint ne soit aussi invité à répondre à certaines questions relatives à ce détournement d’essence.

Martelly et Lamothe dans les lunettes de la justice américaine

La justice américaine n’ignore pas le rôle central qu’ont joué Michel Martelly et Laurent Lamothe dans cette l’importation illégale d’armes et de munitions en Haïti. Car, dans le cadre des marchandages intervenues entre les dirigeants fédéraux et Guy Philippe, en vue de trouver une réduction de sa peine, suite à sa décision de plaider coupable de trafic de drogue et de blanchiment d’argent, l’élu au Sénat pour le département de la Grande Anse a fait des révélations spectaculaires. Bien qu’il fût déjà en prison, lors de la découverte des armes à la Douane de Saint-Marc, M. Philippe était au courant des dé marches et processus ayant concouru à la mise sur pied de la Global Dynasty Corps S.A. Aussi ne demandait-il pas mieux que d’en mettre les autorités américaines au parfum.

Quant-il s’agit de procès, au niveau fédéral, les enquêteurs et les procureurs, dans le souci de gagner les cas qu’ils poursuivent, s’ingénient à faire un étalage d’évidences accablantes contre les accusés. Aussi, quand bien même des faits importants au raient été obtenus par des moyens électroniques, les affirmations de « témoins crédibles » valent leur pesant d’or devant le juge. Cela explique la passion des dirigeants fédéraux à obtenir le témoignage de ces hauts gradés de la PNH.

En clair, donc, cette affaire de Global Dynasty S.A/Global Dynasty LLP constitue une grosse affaire qui saura sans doute rivaliser avec d’autres dossiers brûlants, tels que trafic de drogue, blanchiment d’argent et transferts illégaux de fonds, dont les acteurs sont dans le collimateur de la justice américaine.


cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur édition du 7 novembre 2018 et se trouve en P. 1, 2, 13, 14 à : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2018/11/H-O-07-nov-2018.pdf

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