Haiti-Observateur

No headlines available.

haitifaustin1erP3p

haitifaustin1erP3p

Soulouque

Demande d’USD 10 millions $ de pot-de-vin pour Lamothe ?

VERS LE DÉBALLAGE DE L’AFFAIRE PETROCARIBE par Léo Joseph

  • Demande d’USD 10 millions $ de pot-de-vin pour Lamothe ?
  • Audition au Sénat : Vorbe déjà; bientôt Lamothe

On dit que « du choc des idées jaillit la lumière ». Dans la dispute ouverte sur l’affaire PetroCaribe, ce procédé serait susceptible d’exposer la vérité. On semble y aller par accident. Puisque une guerre d’accusations sur Twitter, entre Dimitri Vorbe, un des responsables du fournisseur d’électricité Sogener, et Laurent Lamothe, ex-Premier ministre de Michel Martelly, a entraîné une invitation à M. Vorbe par le sénateur Youri Latortue pour qu’il réponde à des questions qui pourraient aider à éclairer des zones d’ombre sur le sujet. L’audition du patron de Sogener au Sénat sera suivie d’une convocation de M. Lamothe, aux fins de confronter les deux témoignages.

En effet, accompagné de son frère Jean-Marie, également membre du Conseil d’administration de Sogener, Dimitri Vorbe a répondu à l’appel de la Commission éthique et anti-corruption du Sénat, le lundi 27 août. Une séance qui va, de toute évidence, rompre le silence sur la controverse que PetroCaribe a provoqué au Parlement, depuis que la majorité parlementaire, à la faveur d’une stratégie dite « zobop » par la minorité, a renvoyé le dossier à la Cour supérieure des comptes et du contentieux
administratif (CSC/CA) où il bougeait à pas de tortue.

En marge de son audition, sous serment, Dimitri Vorbe est cité dans l’édition du 27 août du quotidien Le Nouvelliste, en ces termes: « J’étais venu pour prouver que l’ancien Premier ministre a menti. Il a dit qu’il savait nous payer avec de l’argent du PetroCaribe, ce n’est pas vrai ».

Les déclarations de Dimitri Vorbe confirmées par le sénateur Latortue
Lors d’une intervention sur une des radios de la capitale, le sénateur Youri Latortue, le président de la Commission éthique et anti-corruption du Sénat, également celui qui avait piloté la première enquête sur l’usage du fonds PetroCaribe, a confirmé les aveux de Dimitri Vorbe confirmant que ce dernier n’a pas hésité à faire ses déclarations sous serment.

En effet, contrairement aux accusations de M. Lamothe faisant croire que la Sogener, la compagnie dont Vorbe fait partie, recevait des honoraires mensuels de USD 12 millions $ du gouvernement pour fournir le courant électrique à l’Électricité d’Haïti. Prenant le contre-pied des déclarations faites par Laurent Lamothe sur Twitter, le directeur exécutif de Sogener a précisé : « Nous n’avons pas deux ti motè pèpè », enchaînant pour expliquer que « la Sogener dispose de 30 moteurs qui fonctionnent ».

Nous facturons pour la quantité d’énergie délivrée
Protestant que la Sogener ne touche pas USD 12 millions $ du gouvernement haïtien, Dimitri Vorbe a expliqué que le montant facturé à l’EdH est en fonction de la quantité de courant fournie. Aussi explique-t-il à la Commission du sénateur Latortue « Quand nous produisons un kilowatt de courant, on nous paye pour cette quantité d’énergie. On ne nous paye ni pour le black-out ni pour des générateurs qui ne marchent pas ».

Et M. Vorbe d’ajouter : «Nous confirmons que la Sogener ne perçoit pas de l’État haïtien 12 millions de dollars américains par mois,mais entre trois et cinq millions par mois,suivant la quantité du courant électrique produit », selon ce qu’a dit le sénateur de l’Artibonite.

Continuant avec question relative à la somme touchée du gouvernement par la Sogener, Dimitri Vorbe a ajouté : « C’est le prix du pétrole qui détermine le prix du courant que nous vendons » suggérant ainsi que le montant facturé par la Sogener n’est pas sujet à surfacturation, comme entend le faire accroire
Laurent Lamothe.

Lamothe sera prochainement convoqué par la Commission
Sur ces entrefaites, le sénateur Youri Latortue a conclu qu’il est opportun d’auditionner Laurent  Lamothe. Car le témoignage de Vorbe place le dossier sous un éclairage jusqu’ici insoupçonné. Seule l’audition de l’ex-Premier ministre, qui s’est engagé dans cette dispute avec le directeur exécutif de la Sogener, peut aider à faire jaillir la lumière sur le dossier PetroCaribe.

Maintenant que la dispute entre Vorbe et Lamothe sur Twitter est devenue virale, ce qui avait un caractère secret désormais tombe dans le domaine public. Aussi,semble-t-il, il serait possible que les négociations ayant été tenues dans les pénombres des salles retirées avec des « spécialistes » en négociations autour de la livraison de pots-de-vin fassent l’objet de discussions publiques. C’est, en
effet, ce à quoi il faut s’attendre, au cas où la demande de paiement en dessous de la table à Laurent Lamothe, tel que l’a dénoncé le patron de la Sogener, fasse l’objet d’un débat public à la Commission éthique et anti-corruption du Sénat.

Un proche de Lamothe accusé de demander de payer des millions en dessous de la table
Dans le cadre de son audition, par la Commission éthique et anti-corruption du Sénat, Dimitri Vorbe, a insisté pour confirmer les révélations contradictoires qu’il a faites par rapport à celles de Lamothe, a comme lâché une bombe quand il a révélé qu’un homme d’affaires proches de l’ex-Premier ministre a sollicité le versement d’une forte somme d’argent à ce dernier pour que soit maintenu le contrat que la
Sogener avait initialement signé avec le gouvernement de René Préval.

Dimitri Vorbe a révélé, sans avoir froid aux yeux, qu’un homme proche de Lamothe, Rony Devarennes, lui avait demandé de verser USD 10 millions $ en liquide à Lamothe en sus d’une mensualité, seules conditions, selon lui, qui favoriserait la reconduite du contrat que Préval avait signé avec Sogener.

Toutefois, dans sa réplique à cette allégation, M. Devarennes, un homme d’affaires de Port-au-Prince, qui est aussi consul honoraire de Zambie en Haïti, a repoussé avec force ce qu’il dit être « archifaux ». Dans une déclaration à lui attribuée diffusée sur Haiti 24.net, il a protesté en disant : « Faux ! Archifaux ! Je n’ai jamais demandé à un quelconque Dimitri Vorbe de l’argent au nom de Laurent Salvador  Lamothe ». Il a, de plus, fait remarquer que jamais, dans sa vie, il n’a rencontré Dimitri Vorbe. Cependant il dit se souvenir avoir rencontré « un certain Jean-Marie Vorbe lors d’un dîner en 2011».

Rony Devarennes met Vorbe en défi de prouver qu’il avait fait une telle demande.

Pour sa part, le sénateur Latortue confirme que, lors de son audition, au Sénat, lundi, Dimitri Vorbe a insisté pour dire que Rony Devarennes s’était présenté à son bureau, en 2011, alors que Laurent Lamothe n’était même pas encore Premier ministre. À cette occasion, dit Latortue, rapportant les propos du patron de Sogener, il avait demandé à Vorbe de verser USD 10 millions $ en cash, en sus d’une autre somme par chèque, en vue d’assurer la continuité du contrat de quinze ans de fourniture du courant électrique, un accord signé en 2006, sous la présidence de René Préval.

Il est certain que la campagne nationale et internationale lancée pour exiger la restitution des USD 3,8 milliards volés du fonds PetroCaribe enlève le sommeil aux deux ex-Premier ministres ainsi qu’aux ministres, directeurs généraux et autres ex-hauts fonctionnaires de l’État, dont certains sont recyclés dans l’administration Moïse-Lafontant, épinglés dans les deux rapports de la Commission spéciale d’enquête, dont la première était pilotée par le sénateur Youri Laortue et la seconde par le sénateur Évalière Beauplan, qui sont tous accusés de vol de deniers publics.

À suivre les événements poli- tiques, ces derniers jours, notamment ceux rapportant au dossier
PetroCaribe, on ne peut s’empêcher de constater qu’on chemine vers des règlements de comptes. l
Ce que redoutent les anciens hautes fonctionnaires des gouvernements, au pouvoir de 2006 à 2018, de René Préval à Jovenel Moïse, en passant par Michel Martelly et Jocelerme Privert. Il semble que la pêche s‘annonce fructueuse !

En attendant que les prochains événements suivent leur cours, le discours de Youri Latortue prend une allure sentencieuse : « Si l’État n’enclenche pas le procès, il peut arriver un moment où le peuple se donne lui-même justice ». Et dans la foulée, il lâche « Il faut qu’on retrouve l’argent du PetroCaribe ».Est-ce sa façon du puissant sénateur de déclarer son allégeance au mouvement « Kote kòb PetroKaribe a » ?


cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 29 août 2018 et se trouve en P. 1, 2 à : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2018/08/H-O-29-aout-2018.pdf

Comments are closed.