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Soulouque

Les groupes VAYB et Zenglen en double affiche au Club Envy

Arts & Spectacles par Robert Noël

  • Les groupes VAYB et Zenglen en double affiche au Club Envy

Le vendredi 29 juin, le grand rendez-vous était au Club Envy, où VAYB et Zenglen partageaient l’affiche. Ces deux groupes ont pris le risque de produire un album complet avant la Coupe du monde 2018. Pourtant, d’autres compétiteurs ont eu peur de le faire. Jusqu’à preuve du contraire, tout marche bien pour eux.

Cela est si vrai que des promoteurs de New Jersey, parmi eux Metga de Radio Metga, qui suivent de près l’évolution de ces deux formations musicales, ont jugé bon de les présenter en double affiche. Pourtant, les responsables de VAYB et de Zenglen n’ont pas profité de l’occasion pour faire de cette soirée une plateforme de vente signature de leurs disques. Ils auraient, peut-être, vendu 300 disques chacun. Ils négligent tous le côté business de la musique.

Jouer en premier offre de grands avantages
À 11 h. 55, le groupe VAYB a débuté la soirée avec la reprise de la chanson « Despacito », fusionnée à un konpa traditionnel qui caractérise cette formation musicale. VAYB a eu le temps d’exécuter les meilleures chansons de son répertoire, telles que « Ill yayad », « Je ferai » chantée par Jude Deslouches, « One night stand », « Ou pa nan plas mwen , « Game Over », « Lanmou fasil ». Cette dernière chanson a été produite avant même la sortie de son premier album. C’est ce qui lui a valu sa grande popularité et a confirmé sa présence sur l’échiquier musical konpa dirèk.

VAYB est au meilleur de sa forme. Ses musiciens font preuve d’une maîtrise instrumentale qui n’étonne personne. Le groupe peut être nouveau sur la scène HMI, mais les membres ne sont pas nés de la dernière pluie. Ils ont du métier et l’ont prouvé en maintes occasions, particulière- ment ce soir-là. Au niveau de sonorité, tout était bien, même si au tout début le groupe jouait à haut volume. Cela était peut-être dû au fait que la salle n’était pas encore remplie. Mais la situation a été vite fixée.

On ne peut adresser aucun reproche à VAYB puisque sa prestation reflétait la qualité sonore de son CD « Game Over ». Ce serait une grande erreur de ne pas mentionner que l’ingénieur du son a fait un excellent travail. Il faut aussi souligner que Mickaël Guirand a évité le verbiage,sachant que les gens ont
fait le déplacement pour danser et s’amuser. Il a eu une bonne gestion du temps, l’ayant utilisé à
l’avantage de VAYB. À coup sûrle comportement des musiciens de ce groupe témoigne de leur
professionnalisme.

À partir de tous ces faits constatés, cette formation a tout ce qu’il faut pour consolider son succès. Cela prouve déjà que son existence ne sera pas éphémère. On espère qu’elle reste sur les rails pour cueillir bien plus de lauriers au jardin de l’art. À 1 h 25, VAYB a mis fin à sa prestation avec la chanson « Lanmou fasil »et a quitté la scène pour que Zenglen fasse son entrée. De toute évidence, VAYB a bénéficié des avantages qu’offre le choix d’ouvrir une soirée dansante.

Le groupe Zenglen entre en scène, une excellente prestation
Le réajustement sonore pour recevoir Zenglen a pris du temps, ce que le public n’a cessé de critiquer. Nous avons payé US 45 $ à la porte pour être témoins oculaires et auriculaires de la performance de Zenglen en live. Certaines fois, les disques produits avec des musiciens de studio sont de bonne facture et les prestations en live ne confirment pas l’authenticité de l’œuvre musicale. La curiosité a motivé plus d’un, les forçant à participer à cette soirée.

Quelques musiciens de Zenglen étaient présents dans la salle avant la fin de la prestation de VAYB. Pourtant, Emmy Nix, chanteur de Zenglen, au cours de la soirée qu’animait Zenglen à Boston, le lendemain, a eu à dire que « Zenglen était en retard aurendez-vous deNewJersey, nous avons fait de notre mieux pour que cela n’arrive pas ce soir ici, à Boston », ajouta t-il. Considérant une telle déclaration du chanteur, Zenglen était bel et bien en retard au Club Envy, à New Jersey. À 2 h 05, Zenglen a commencé sa prestation avec la chanson « Sa n fè yo ». Puis, il a mis fin aux complaintes et accusations exprimées à travers la chanson.

Zenglen a ensuite exécuté « M swete l danse », puis « Grèv bèbè »,suivie de l’ancien tube « 5  Continents ». À ce moment précis, Brutus a pris la guitare du guitariste accompagnateur et annoncé « 5 Continents ». Il paraît que cette chanson ne fassent pas partie de la liste des morceaux sélectionnés pour l’animation de cette soirée. Certains musiciens ne s’attendaient pas à un tel changement brusque. Brutus les a surpris par son action imprévue, avec cette cassure brusque du programme. Leur réaction ne l’a que trop prouvé, mais le public ne s’est pas rendu compte d’une telle déviation du « playlist ».

On ne peut négliger l’apport de Gabriel Laporte au groupe Zenglen. De tous les guitaristes qui jouent du konpa dirèk, Laporte tient mieux le plectre/le médiator (le pick). Il l’utilise selon les principes universels, en commençant par une attaque vers le bas sur les cordes. Claudy, le bassiste, fait le nécessaire sans excès de zèle. Sa simplicité rythmique lui confère une aisance qui l’aide à mieux supporter les guitaristes : accompagnateur et soliste. Wid et Emmynix, deux chanteurs qui se complémentent. Fréro Jean-Baptiste n’a pas fait le voyage avec Zenglen.

Au niveau vocal, Wid et Emmynix sont tous deux à point et aident Zenglen grandement dans ses démarches visant à se replacer plus solidement sur l’échiquier musical konpa dirèk. Toutefois, il faut reprocher à Wid sa tendance au verbiage et cela un peu moindre par rapport à Emmynix. Il faut qu’ils sachent aussi qu’ils ne peuvent se faire du « voice-over » quand le guitariste ou le claviériste exécute un solo. Au cours de la soirée, le groupe Zenglen a reproduit fidèlement les chansons de son nouvel album. Ce que le public a aimé.

Il faut donner crédit à Thierry, l’ingénieur du son, qui a fourni un travail extraordinaire, permettant au Zenglen une telle clarté sonore à ce bal. Zenglen n’a pas eu le temps de bien clôturer sa prestation avec « 5 Continents » à cause d’un inconvénient lié à une interruption sonore. La batterie sonnait
acoustique, sans le kick. Il faut dire qu’à 2 h 30, toutes les lumières de la salle ont été rallumées, un signe voulant dire que la fête est terminée. C’est le principe des propriétaires de night clubs pour éviter une contravention de la police, puisque, après une certaine heure, un club ne peut plus servir d’alcool.

Altercation inter-zenglenistes après le bal

Après le bal, il y a eu une altercation en coulisses « back stage » entre Brutus et Wid. Le maestro a
tiré le chanteur par les cheveux et lui a lancé des propos qui ne sont pas dignes d’un maestro qu’on
croyait être sage et respectueux. Il allait jusqu’à lui dire: « Eske w gen djaz, se mwen k mèt djaz mwen – vous n’êtes pas propriétaire de Zenglen, c’est moi qui le suis ». Le chanteur n’a pas réagi. Il a simplement dit qu’il pourrait gifler le maestro, mais ne l’a pas fait par respect. Cet incident doit réveiller Wid de son sommeil profond, puisqu’il se croyait membre officiel, un ayant-droit de Zenglen, comme il l’avait signalé au cours d’une récente interview qu’il avait accordée àun media en ligne.

Widler Octavius refusait d’accepter le statut de gigger, disant qu’un chanteur ne peut pas être « gigger ». Il déclarait qu’il est fils légitime de Zenglen. Bien que l’interviewer ait insisté sur la légalité de ce qu’il avançait, il tenait mordicus qu’il est membre officiel de Zenglen, mais pas un gigger. Il doit aujourd’hui réaliser qu’il se trompait et s’était laisser leurrer par les douces paroles de ses aînés. Dans le langage vernaculaire haitien, on dirait : Widap konn Jòj ak tout madan Jòj. Il a fait une très mauvaise lecture de
la situation, une erreur de parallaxe le faisant croire qu’il est plus haut placé qu’il ne l’est en réalité. Le clip vidéo de l’échauffourée entre Brutus et Wid sera rendupublic cette semaine, d’après unesource digne de foi.

Un animateur radio et également promoteur de la soirée était témoin de l’altercation, mais va essayer de « kase fèy kouvri sa » parce qu’il espère organiser d’autres bals avec Zenglen. C’est une question d’intérêt personnel, mais les choses doivent être dites comme elles sont et non comme certains aimeraient qu’elles soient exprimées. On souhaite que Brutus se ressaisisse pour éviter que ce genre de comportement face à un collègue musicien,surtout un artiste faisant partie de son groupe, ne se reproduise. On craint que cette affaire ne débouche sur une autre crise au sein de Zenglen. Les deux chanteurs ont déjà reçu des offres de deux compétiteurs de Zenglen. Il faut éviter d’avoir la grosse tête, car elle peut causer des dommages irréparables.


cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 4 juillet 2018 et se trouve en P. 16 à :  http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2018/07/H-O-4-juillet-2018.pdf

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