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Soulouque

Où est Passé Kenneth Merten ?

Où est Passé Kenneth Merten ?

  • LA DIPLOMATIE À LA MODE DU DÉPARTEMENT D’ÉTAT AMÉRICAIN
  • Quel rôle attribué à David Hale ? par Léo Joseph

Haïti connaît encore un autre épisode de crise sociopolitique, le premier auquel n’a pas été impliqué le sous-secrétaire d’État aux Affaires latino-américaines et de la Caraïbe, Kenneth Merten, mis hors-jeu, à la cloche de bois, au Département d’État. Le moment venu où, comme d’habitude, la diplomatie américaine a besoin d’un médiateur pour mettre les Haïtiens sur le chemin de l’entente entre eux, M. Merten n’a pas été disponible. L’ambassadeur David Hale, un diplomate dépourvu d’expériences par rapport à Haïti, a été choisi pour remplir ce rôle. Où est donc passé M. Merten ? Quel rôle est attribué à celui qui a été envoyé à sa place, sans porter le titre qu’il avait ?

Lors de sa visite, à la capitale haïtienne, qui n’a duré qu’un seul jour, M. Hale a eu l’occasion de rencontrer le président haïtien, Jovenel Moïse, le premier ministre, Jean Henry Céant, le sénateur Évalière Beauplan, en tant que représentant du Parlement, ainsi que des personnalités de partis politiques, en sus des membres du secteur privé et de la société civile. S’il faut résumer la mission accomplie par l’ambassadeur Hale, on dira que l’appui de Jovenel Moïse n’est pas nécessairement au rendez-vous de la manière dont il est généralement formulé après le passage en Haïti de Merten, ou quelque autre émissaire du Département d’État. Certes, peu habitué avec les acteurs politiques haïtiens, David Hale est resté attaché à l’essentiel des demandes (faut-il dire de préférence souhaits ?) de Washington : encourager le dialogue interhaïtien et le renouvellement des élus par le truchement des élections. Sans la mise en évidence de la déclaration chère à Merten : les élections sont le passage obligé pour accéder au pouvoir. Cette subtilité dans la déclaration émise par l’ambassade américaine, après la visite de M. Hale, qui n’a aucune attribution au Département d’État par rap- port au dossier haïtien, traduit-elle une « relève de la garde », au Bureau des Affaires latino-américaines et de la Caraïbe, à cette institution ? Il est donc opportun de se demander si l’absence de Merten de la fonction qu’il occupait signifie une modification de la politique américaine envers Haïti ? Ou bien sa reformulation ? Il semble que l’établissement de cette différence ait été rendu nécessaire, car Merten indisponible, il a fallu envoyer un émissaire en Haïti avant même que soit nommé son successeur.

Faut-il parler de la mise à la porte de Kenneth Merten ?

L’absence inopinée de Kenneth Merten du dossier haïtien, dans le cadre de la crise sociopolitique la plus aigüe que le pays ait jamais connue, n’est pas passée inaperçue pour les observateurs perspicaces. Ancien ambassadeur des États-Unis en Haïti, avant de prendre en charge le dossier haï- tien en tant que sous-secrétaire d’État aux Affaires latino-américaines et de la Caraïbe, M. Merten s’est éclipsé du Département d’État sans aucune explication. Une situation anormale, surtout qu’aucune communication n’est venue expliquer le motif de son déplacement inattendu, ni à quelle fonction il est muté, ou s’il est parti en retraite.

Quand on se rappelle que la dernière intervention de Kenneth Merten, dans le dossier haïtien, après les premières manifestations des PetroChallengers, avisant que le pouvoir s’obtient par la voie des élections, n’avait pas fait l’unanimité au Département d’État, son remplaçant par M. Hale serait compréhensible. Mais pas de la manière dont cette substitution est opérée.  Aussi comprend-on pourquoi d’aucuns parlent déjà de la mise à la porte de Merten.

Le silence obstiné de la diplomatie américaine, par rapport au retrait de service de l’ambassadeur Merten, ne fait qu’encourager les conjectures portant sur des déboires éventuels de ce dernier, surtout que des rumeurs persistantes, ces derniers temps, font état de « décisions indélicates», voire même illégales, qu’il aurait prises, dans le cadre de sa mission, en tant que diplomate affecté en Haïti. Des observateurs pensent que le fait par le Département d’État de n’avoir pas nommé un remplaçant définitif à l’intéressé conforte la thèse de la « mise en quarantaine » de Merten.


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Comment expliquer la mise au rancart de Merten ?

La manière dont Kenneth Merten intervenait dans le dossier attirait sur lui les foudres de nombreux Haïtiens inscrits dans la mouvance patriotique, qui ne cessent de crier « ingérence éhontée » dans les affaires internes d’Haïti. Face au silence du Département d’État, en ce qui le concerne, les conjectures se donnent libre cours. Pour certains, ce dernier a une bonne raison de taire les raisons de l’écartement de M. Merten. Selon eux, il ne peut s’agir d’un motif louable, autrement des éloges à n’en plus finir auraient été adressés à son endroit. Après toutes les années qu’il a passées au service de la diplomatie de son pays, ce serait une bonne occasion de faire parler et d’écrire de lui. Selon toute vraisemblance, dans les présentes conditions de la suspension de ses activités diplomatiques, il vaut mieux garder le mutisme que d’exposer Merten et l’institution qu’il a servie aux critiques des uns et des autres.

Mais d’autres pensent que l’attitude du Département d’État est, pour le moins, inhabituelle, arguant qu’un fonctionnaire de la trempe de Kenneth Merten mérite mieux. À moins qu’il soit accusé d’actes répréhensibles dans le cadre de sa carrière.

Cette idée circule dans certains milieux diplomatiques, à Washington, où elle est progressivement accréditée, ces dernières semaines, suite à la diffusion de certaines rumeurs relatives à de «mauvaises conduites » attribuées à Merten, durant son tour de service en Haïti.

En effet, on parle de décisions relatives, principalement, au Fonds de reconstruction d’Haïti post-séisme (FRH), de concert, dit-on, avec l’ex-président démocrate Bill Clinton. Ont été également faites des allégations selon lesquelles M. Merten avait des «liaisons d’affaires » avec le groupe Bidgio.

Voilà pourquoi certaines gens font croire que de tels faits seraient susceptibles de déclencher une enquête du Bureau fédéral d’investigation (FBI) sur l’ancien ambassadeur. Selon eux, cela expliquerait parfaitement la manière dont le Département d’État gère le cas Merten. L.J.


Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 13 mars 2019 et se trouve en P 1, 2, et se trouvera à : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2019/03/H-O-13-march-2019.pdf

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