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Soulouque

Martelly veut se débarrasser du corps du délit

DÉTOURNEMENT DES 3 MILLIARDS DU FONDS PETROCARIBE

  • Michel Martelly veut se débarrasser du corps du délit

La théorie selon laquelle une bonne partie des USD 3 milliards $ du fonds PetroCaribe détournés
se trouvent en « résidence » en Haïti se confirme parla construction de somptueuses villas et d’immeubles aux dimensions inhabituelles qui ont été érigés durant le quinquennat de Michel Martelly.
Pour sa part, celui-ci, réalisant que la machine judiciaire est mise inexorablement en marche contre les dilapidateurs de ce compte, toutes catégories confondues, s’est décidé de se débarrasser de ses biens meubles et immeubles qu’il a récemment acquis, particulièrement sa villa à la Côte des Arcadins.

En effet, selon des rumeurs colportées de bouche à oreille, dans les milieux proches de l’ex-première famille haïtienne, le premier président tèt kale se débat comme un beau diable dans un bénitier pour se débarrasser de cette vaste et somptueuse propriété bâtie sur la plage située non loin de la Route nationale numéro 1 menant vers les départements de l’Artibonite, du Nord et du Nord-Ouest. Cela se comprend quand on se rappelle que, selon des informations colportées au moment de la construction de cette maison et de l’aménage- ment du vaste terrain, USD 9 millions $ y étaient investis.

À l’époque de la construction de cette même maison, Michel Martelly avait indiqué que le financement était réalisé grâce à un prêt obtenu de la UNIBANK. Mais d’autres sources jugées extrêmement fiables faisaient savoir que l’argent ayant servi à payer ces travaux provenaient de préférence de sources
illicites. De là, il faut déterminer s’il s’agit de bénéfices réalisés sur des activités liées aux drogues ou
d’opérations menées sur le fonds PetroCaribe.

Quoi qu’on puisse dire et faire, en relation avec le dossier de la maison de Martelly sur la côte des Arcadins, l’ex-président tèt kale s’inquiète de ce que pourrait advenir au cas où il deviendrait l’objet d’une poursuite de l’État haïtien, pour détournements de fonds publics, comme ce fut le cas pour Jean-Claude Duvalier et le reste de sa famille. D’où, fait-on remarquer, dans les milieux proches de la famille Martelly, les grands efforts déployés pour se débarrasser de cette propriété au plus vite.

Mais les preneurs ne s’empressent pas de réagir, craignant de se retrouver dans un conflit dont ils seraient les éventuels perdants. Car, cette maison publiquement dénoncée comme ayant été acquise avec des fonds détournés du fonds PetroCaribe, tout éventuel acquéreur serait passible d’une action de l’État dont l’issue finale pourrait laisser dans les limbes cette propriété et les ressources qui y auraient été investies.

Il semble que la UNIBANK ait conforté la version de prêt hypothécaire octroyé à M. Martelly, dans l’affaire de construction de sa maison sur la côte des Arcadins, car n’ayant jamais publiquement répudié, ni réfuté la version relative à cette opération, qui était accréditée dans les média et dans les conversations privées, sur la base de prêt.

Comment justifier un tel emprunt, le cas échéant ?
Les observateurs sont unanimes à repousser l’hypothèse d‘emprunt que aurait soit disant été accordé
à Michel Martelly parles patrons de la UNIBANK. Puisque, raisonnent-ils, nonobstant l’affirmation avancée, d’un côté comme de l’autre, les données disponibles devraient pouvoir démontrer l’existence du contrat passé entre le propriétaire de la maison et l’institution détentrice de la créance hypothécaire établissant clairement l’octroi d’emprunt et la durée du temps pour que soit effectué le remboursement. Dans ce cas, la UNIBANK serait identifiée en tant que banque ayant accordé l’hypothèque à l’ex-président, dans le cas, bien sûr, où existerait un tel document. Ainsi serait légalement justifiée cette transaction.

Mais tout semble indiquer que document n’existe pas, dans la mesure où la UNIBANK se comporte comme les banques en général, se souciant de mettre en place tous les garde-fous nécessaires destinés à sauvegarder les emprunts octroyés contre toute cessation de paiement.

Il faut dire qu’en Haïti les banques se gardent presque toujours de consentir des emprunts aux politiciens, afin d’éviter des conflits difficiles à résoudre, quand ces derniers ne s’étirent pas sur des années, voire même des décennies. C’est pourquoi les hommes et femmes au pouvoir, au niveau de toutes les institutions de l’État, s’arrangent plutôt pour obtenir des prêts de l’Office national d’assurance vieillesse (ONA), vache à lait des hauts fonctionnaires, leurs familles et partisans. Surtout que les remboursements bénéficient de la complaisance des responsables de cette institution faisant trop souvent preuve de nonchalance à l’égard des débiteurs récalcitrants qui sont les puissants acteurs du pouvoir.

Par ailleurs, d’une manière générale, les banquiers ne peuvent prévoir quelles crises sont susceptibles d’éclater, mettant les politiciens à mal, surtout économiquement, au point de ne plus pouvoir faire face à leurs obligations. Il serait alors aisé de deviner ce qui pourrait advenir à des créances restées impayées une fois que les hommes politiques aujourd’hui sont acculés à une retraite tranquille le lendemain.

À la lumière de tous ces faits, il est peu probable que Martelly puisse devoir des USD millions à la UNIBANK.

Autre considération à faire, avec le salaire du président de la République, qui se situe à moins de USD 300 000 $ l’an, la UNI- BANK — ou n’importe quelle banque, d’ailleurs —, n’aurait jamais consenti un prêt de cette taille à Sweet Mickey. Pareille décision aurait exposé l’institution bancaire en question à des sanctions de la Banque centrale qui, elle-même, a la responsabilité de surveiller l’intégrité des opérations bancaires. Toute négligence ou tolérance de la part de celle-ci à l’endroit des banques privées la rendrait passible de sanctions du système bancaire international.

Les politiciens haïtiens imitent les trafiquants
Des hommes politiques haïtiens convertis en trafiquants ou bandits indésirables, qui donnent dans la drogue, imitent la stratégie de la pègre pour cacher leurs millions réalisés dans des activités illicites, un moyen de les mettre leurs fonds privés à l’abri des enquêteurs fouineurs relevant surtout des services d’intelligence américains. Les individus impliqués dans les commerces des substances toxiques,  comme, par exemple, la cocaïne, l’héroïne et la marijuana, cessent de plus en plus de déposer leur argent à la banque craignant que leurs millions ne soient interceptés. C’est pourquoi, très souvent ils préfèrent déposer leur argent liquide auprès de certains notaires publics, qui interviennent dans le cadre des affaires menées à base d’argent liquide seulement.

En effet, la plupart des dealers de drogue achètent surtout des maisons selon leurs moyens, ainsi que des véhicules, et d’autres biens manufacturés qu’ils payent en argent liquide, un moyen adopté par les politiciens qui sont obligés de dépenser à tout prix les fortes sommes d’argent qu’ils détiennent suite aux transactions menées dans le commerce illicite, ou encore réalisées en touchant des pots de vin. Dans le cas des détournements effectués aux dépends du fonds PetroCaribe, l’argent liquide est obtenu grâce aux marchés conclus avec des entreprises engagées dans le cadre de travaux à exécuter pour le compte de l’État. Selon certains individus évoluant dans le monde de la pègre, les accords passés de gré à gré avec les autorités offrent de gros avantages « pour les deux partis ». Cela signifie que la compagnie contractante et ceux qui favorisent l’octroi des contrats « partagent le montant de la surfacturation » qui en découlent. Dans de telles conditions, les transactions portent sur des millions qui ne peuvent être placés aisément dans les banques.

À cet égard, on attire l’attention sur Éliobert Josmé (E.D. One), Jacques Beaudouin Kétant (ou Quétant) et d’autres barons de la drogue connus, qui ont fait l’acquisition, surtout de plusieurs grandes et luxueuses maisons et des véhicules haut de gamme, le tout au comptant. Car incapables d’effectuer ces opérations à travers des institutions financières officielles.

De telles pratiques sont devenues l’apanage des hommes politiques haïtiens se trouvant dans la même situation que les trafiquants de drogues et les opérateurs d’entreprises interlopes. Les maisons récemment construites par Michel Martelly, sur la côte des Arcadins et sur la plage, à Grand Goâve, ainsi que l’immeuble érigé par son fils Olivier, à Pétion-Ville, ont été financés sans aucune participation bancaire.

Tous ces biens acquis dans des conditions douteuses seront éventuellement utilisés à des fins de blanchiment. Puisque une fois mis sur le marché et le prix de vente payé au propriétaire, l’opération intervenue entre l’acquéreur et le vendeur donnera lieu à une transaction officielle légalisant l’échange et l’argent versé au propriétaire.

En ce qui concerne la villa de la côte des Arcadins, vu la somme qu’a coûté la construction, un preneur sera difficile à trouver. À moins que, de guerre lasse, Martelly finisse par réviser le prix de vente totalement à la baisse, pratiquement liquidant la propriété pour qu’il puisse s’en débarrasser.

Il est possible que, à part Olivier Martelly, d’autres barons du régime tèt kale ayant construit des immeubles extraordinaires, se sentent concernés par les démarches en cours visant à traduire en justice les dilapidateurs du fonds PetroCaribe. Surtout que, sachant dans quelles conditions ont été réalisées ces constructions, des acheteurs se montreront extrêmement réticents à engager leur capital. L.J.


l’original de cet article se trouve en P. 1, 2 de la version PDF de l’édition courante de l’hebdomadaire Haïti Observateur et à cette adresse : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2018/04/H-O-4-avril-2018.pdf

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